Les Echos.fr. Par Marie Bellan, le 13 février 2014.
Les délais de paiement de l’Etat diminuent mais la situation ne s’améliore pas entre les entreprises. Les retards privent les PME de 15 milliards d’euros de trésorerie et les ETI de 6 milliards.
Le ministre de l’Economie Pierre Moscovici en déplacement jeudi à Lens. – AFP
Ce n’est pas du côté des délais de paiement que l’embellie attendue par les chefs d’entreprise va venir.
En 2012, la charge financière supportée par les entreprises du fait de ces retards s’est alourdie, selon le rapport de l’observatoire des délais de paiement présenté hier. Les délais fournisseurs ont en effet baissé davantage (de deux jours à cinquante-deux) que les délais clients (d’un demi-jour à quarante-trois et demi).
Le rapport de l’Observatoire, estime qu’un tiers des entreprises sont victimes ou à l’origine d’un retard de paiement excessif (supérieur aux soixante jours calendaires légaux). Si les délais étaient respectés, le supplément de trésorerie atteindrait 15 milliards d’euros pour les PME et 6 milliards pour les ETI.
Médiation interentreprises
Pour Pierre Moscovici, cette situation doit pouvoir être traitée au niveau de la médiation interentreprises, dont c’est déjà une partie de la mission. Pour la renforcer, une instance supplémentaire sera créée ; son secrétariat sera confié à Pierre Pelouzet, le médiateur interentreprises. Objectif : inciter les mauvais payeurs à changer de comportement. « Je crois beaucoup à la médiation, qui permet de résoudre énormément de situations. Cela peut être de la médiation musclée, s’il le faut », a indiqué le ministre de l’Economie.
L’Etat a plutôt montré l’exemple en réduisant les délais, à dix-neuf jours l’an dernier, contre vingt-huit jours pour les collectivités. « L’Etat central est très très vertueux. En revanche, le reste est terrifiant, a jugé Jean-Hervé Lorenzi. Et, comme les réductions de dépenses publiques vont avoir lieu plutôt sur les collectivités locales ou sur les administrations sociales, il faudra être très vigilant. »
Pacte de responsabilité
Pierre Moscovici s’est ensuite rendu à Lens et, alors que François Hollande avait pris Pierre Gattaz, le président du Medef, dans ses bagages aux Etats-Unis, le ministre de l’Economie s’est fait accompagner dans le Nord-Pas-de-Calais par les présidents de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et de l’Union professionnelle artisanale (UPA), Jean-François Roubaud et Jean-Pierre Crouzet. Une façon de montrer que le Medef n’est pas le seul interlocuteur du gouvernement. Et que la CGPME et l’UPA ne sont pas en reste pour soutenir le pacte de responsabilité, après la maladresse de Pierre Gattaz aux Etats-Unis. « Avec le pacte, un énorme impact est né parmi les chefs d’entreprise qui sont très partants. Mais nous ne devons pas être déçus. Le président de la République peut compter sur nos entreprises pour jouer le jeu », a affirmé Jean-François Roubaud. Même tonalité chez Jean-Pierre Crouzet, qui a insisté sur l’importance de l’emploi des jeunes.